Logo de Force Française
Description symbolique
— L’épée de Jésus-Christ.
Il leur dit : « Maintenant, par contre, que celui qui a une bourse, la prenne ; de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une. » (Lc 22, 36)
« Nous sommes encore au cénacle, avant l’arrestation de Jésus ; celui-ci fait ses dernières recommandations aux Apôtres. Il leur lance un avertissement sans frais : ils devront s’armer spirituellement et moralement pour combattre l’adversité. Mais au-delà de cette interprétation officielle, canonique, comme nous l’avons vu plus haut, Jésus arrivant au terme de sa mission terrestre fait comprendre aux Apôtres que c’est à eux désormais de prendre le relais, d’assumer le destin et la pérennité de son Œuvre ici-bas. Lui, l’homme de paix, qui répugne à combattre autrement que par la Sainte Parole, se voit cependant contraint de suggérer à ses disciples de se prémunir d’un glaive, peut-être symbolique, mais il prononce le mot ; leur action prendra un caractère plus institutionnel et ils se heurteront aux ennemis de celui ‘‘qui a été compté parmi les scélérats’’ ; il leur arrivera parfois d’avoir à se défendre plus que par le verbe. En alliant l’Autel et le trône, le temporel et le spirituel, et en consacrant par le baptême le Roi Clovis Ier à la religion catholique, l’Église n’a pas fait autre chose ; et même si cela n’a pas toujours été pour le meilleur, elle n’a pas à rougir de ce qu’elle a perpétué et propagé à travers le monde l’œuvre du Divin Maître, selon la propre consigne de celui-ci. » Extrait du Christ décrypté.
On remarquera dans le pommeau de l’épée, la petite croix discrète qui souligne cette symbolique.
— À propos de la parole de Jésus : « Moi, j’ai vaincu le monde ! »
« Je vous ai dit cela pour qu’en moi vous ayez la paix. En ce monde vous faites l’expérience de l’adversité, mais courage ! Moi, j’ai vaincu le monde ! » (Jn 16, 33)
Essai d’explication : Grâce à ma parole et à mon exemple, je vous ai donné la force de surmonter ce monde d’affliction et d’adversité ; quelles que soient les difficultés et les souffrance rencontrées sur le chemin, soyez pleins d’assurance, de courage, ayez confiance en vous : vous vaincrez le monde comme moi je l’ai vaincu. On notera le caractère extrêmement audacieux, presque irréaliste, de cette répartie qui surprend, surtout dans le contexte de marginalité où se trouve le Collège apostolique à son époque : cet aspect a été rarement évoqué dans les commentaires. Jésus parle aux disciples vraiment en homme d’autorité, c’est-à-dire en Messie, et n’hésite pas à prophétiser la victoire comme si l’inéluctabilité de celle-ci était déjà acquise. Pourtant, deux mille ans plus tard, de qui parle-t-on le plus ? Dans le chapitre suivant de l’Évangile, Jésus prie pour ses disciples, juste avant son arrestation au jardin de Gethsémani.
Ayant donc constaté que le passage de ce verset n’était pas ou peu commenté, je suis allé voir ce qu’en dit saint Thomas d’Aquin, la référence, dans son commentaire de saint Jean :
« Ayez recours à moi, et vous aurez la paix, et cela parce que MOI J’AI VAINCU LE MONDE qui vous oppresse. » ; puis Thomas développe en quelques lignes les arguments suivants :
1) Le Christ a vaincu le monde d’une première manière en lui retirant les armes avec lesquelles il attaque et qui sont tout ce qui est objet de convoitise [Il parle des concupiscences1.] — 2) La deuxième manière dont le Seigneur a vaincu le monde, c’est en mettant dehors le prince du monde [Satan]. — 3) La troisième manière dont le Seigneur a vaincu, c’est en convertissant à lui les hommes de ce monde. »
Reconnaissons qu’en 2000 ans de chemin terrestre difficultueux et parsemé d’embûches dressées spécialement contre Lui, Jésus-Christ n’aura pas trop mal réussi, ici-bas, sa divine mission salvatrice ; même si Satan, toujours tapis dans l’ombre à ruminer le mal, est prêt à fondre sur son Œuvre sainte et l’anéantir.
—————————
1. Quand Thomas parle des concupiscences, il entend les biens matériels et charnels. On peut les comprendre comme les sept péchés capitaux. La théologie parle aussi des trois concupiscences qui se résument ainsi : richesse, fornication, pouvoir, ou dit plus vulgairement : argent, sexe, pouvoir ; soit l’exact inverse des vœux religieux : pauvreté, chasteté, obéissance.